05.10.21 Delta Blues, un roman de Julien Delmaire

Betty se rend comme tous les matins à la blanchisserie en fredonnant. Steve l’a laissée seule au lit plus tôt dans la nuit pour arriver à l’heure à la boulangerie Frazier où il travaille. C’est un blues de Ma Rainey qui accompagne la lavandière sur une route poussiéreuse du Mississippi qui mène à sa blanchisserie : « If you don’t like my ocean, don’t fish in my sea / Stay out of my valley, let my mountain be ». Dans la même bourgade, Robert Johnson n’a pu se réveiller qu’à la faveur d’une flasque de whisky et, déjà, il nargue le pasteur local en faisant brailler son harmonica. Alors que le jeune musicien ne vit que pour la musique, Steve, pour sa part, travaille d’arrache-pied pour joindre les deux bouts et éloigner Betty, qu’il aime éperdument, de la faim.

Delta blues
Julien Delmaire, Delta Blues, Grasset, Paris, 2021

Dans Delta Blues, le romancier Julien Delmaire déploie le quotidien de ces Africains-Américains du Mississippi en 1932. Steve, Betty, Robert ‘Bobby’ Johnson, ainsi que Pearl, la jeune lavandière, Andrew Wallace, le riche mulâtre se rêvant maire, Sapphira, la guérisseuse, et bien d’autres vivent dans cet espace dont l’auteur décrit bien la géographie. Entre la rivière Yazoo et le fleuve Mississippi, entre Memphis et Vicksburg, en passant par Tutwiler et Indianola le long des bras tentaculaires du Delta, Julien Delmaire dépeint la pauvreté de la population noire et la peur omniprésente d’être victime de la violence raciale. Seule la musique, porteuse d’espérance d’émancipation, vient apporter aux personnages à la fois une échappatoire et un horizon d’attente. L’histoire de Steve et Betty est ainsi contée sur un air ininterrompu de blues, interprété tour à tour par les légendaires reines du blues Bessie Smith ou Ma Rainey et les bluesmen solitaires Son House et Willie Brown. Ils sont bientôt rejoints par Robert Johnson, mythique musicien dont le talent de guitariste lui aurait coûté son âme. C’est donc dans le Delta du Mississippi, région rendue célèbre par le berceau de bluesmen qu’elle abrita dans l’entre-deux-guerres et par sa violence endémique, que Julien Delmaire fait le récit d’une petite ville rurale mississippienne, prise entre l’aspiration à l’égalité des Africains-Américains, les conditions de vie intenables des pauvres, noirs comme blancs, et l’ombre meurtrière de la suprématie blanche.

« De Parchman, on ne s’évade pas » ou comment écrire la terreur raciale

Delta Blues est construit comme une galerie de personnages dont les trajectoires s’entrecroisent autour de la relation amoureuse de Steve et de Betty. Si l’auteur ne part pas d’une histoire vraie, il place cependant son intrigue dans un contexte qu’il veut au plus proche de la réalité historique. La plus écrasante des réalités qui conditionnent l’existence des Africains-Américains est celle de la violence raciale, dont la menace plane constamment. À travers la crainte de Steve de se faire lyncher soudainement par la foule, sans aucune autre raison que la couleur de sa peau, Julien Delmaire ancre bien la narration dans la fréquence des lynchages et leur tolérance sociale dans le Sud que les historiens et activistes se sont attachés à mettre en lumière. Le Mississippi, où la moitié de la population est africaine-américaine en 1940, est l’État où le nombre de lynchages documentés perpétués entre 1870 et 1950 est le plus important. La violence raciale s’incarne aussi dans les chevauchées nocturnes et sanglantes des membres du Ku Klux Klan, reformé à partir des années 1920, qui terrorisent, attaquent et tuent les Africains-Américains :

Grace Elizabeth Hale, Making Whiteness: The Culture of Segregation in the South, 1890-1940, New York, Pantheon Books, 1998 ; Terence Finnegan, A Deed So Accursed: Lynching in Mississippi and South Carolina, 1881-1940, Charlottesville, University of Virginia Press, 2013.

Les lynchages ont fait l’objet d’une recherche académique et journalistique dès la fin du XIXe siècle, mais l’obstacle principal à sa réalisation est l’absence de sources pour les rapporter, les quantifier et les étudier, la majorité des lynchages demeurant par conséquent inconnue. Voir le travail de documentation quantitative, à partir des sources accessibles, réalisé par l’Equal Justice Initiative sur les lynchages aux États-Unis : www.lynchingamerica.eji.org.

Le Ku Klux Klan reparaît dans les années 1920 et en vient à rassembler plusieurs millions de membres, au Nord comme au Sud des États-Unis, voir le récent Linda Gordon, The Second Coming of the KKK: The Ku Klux Klan of the 1920’s and the American Political Tradition, New York, Liveright, 2017.

En étreignant sa nièce sur le seuil, Sapphira demanda :
« Au fait, ma fille, t’as pas vu, y a un temps de ça, un incendie qui venait d’la forêt ? Les flammes, elles touchaient presque la Lune…

-Non, tantine, j’ai rien vu… Je devais être au lit avec Steve et on était fort occupés, dit Betty avec un sourire mutin. C’était quoi ce feu, tu penses ?…

– Sûrement qu’cétaient des Blancs qui faisaient brûler une de leurs maudites croix… La chaleur, ça leur excite les nerfs pire que nous autres … »

p. 149

Les personnages de Delta Blues sont également soumis à une hiérarchie raciale qui, au-delà de ces conséquences les plus meurtrières, règle les moindres moments de leur quotidien, une ségrégation « routinière » dont l’historiographie récente a bien rendu compte. Aux côtés des lynchages et du Ku Klux Klan, Julien Delmaire emmène le lecteur dans la diversité des modalités de ségrégation rendue légale par les lois Jim Crow à partir des années 1890. C’est cette séparation des corps dans l’espace dont Steve fait l’expérience lorsqu’on lui refuse de boire à la fontaine à eau de l’hôtel de ville : « C’est la fontaine des Blancs, mon garçon. Je travaille ici et j’en ai vu se faire sortir avec les menottes au poignet pour moins que ça… » (p. 109). Dans le Mississippi, la justice s’abattait sur les Africains-Américains avec tout autant de brutalité et atteignait son paroxysme dans la détention au pénitencier de Parchman, où le personnage d’Abraham est condamné aux travaux forcés pour quinze ans. Décrit comme « pire que l’esclavage » par l’historien David Oshinsky, le pénitencier de Parchman était une institution d’enfermement où les Africains-Américains travaillaient gratuitement dans des conditions inhumaines jusqu’à l’épuisement. Julien Delmaire donne corps à la violence de cette détention par la cruauté des gardiens qui punissent par les balles toute tentative d’évasion car « de Parchman, on ne s’évade pas » (p. 135).

Stephen A. Berrey, The Jim Crow Routine: Everyday Performances of Race, Civil Rights, and Segregation in Mississippi, Chapel Hill, University of North Carolina Press, 2015.

David M. Oshinsky, « Worse Than Slavery »: Parchman Farm and the Ordeal of Jim Crow Justice, New York, The Free Press, 1996.

Le Delta du Mississippi et la romance des origines du blues

C’est aussi au pénitencier de Parchman que se rend à plusieurs reprises le folkloriste Alan Lomax entre 1933 et 1967 pour enregistrer ce qu’il considère alors comme l’authentique musique de la population noire. La chanson « Rosie » qu’il enregistre au cours d’un de ces terrains de recherche dans le pénitencier se retrouve sous la plume de Julien Delmaire qui la fait chanter, au rythme des coups de pioches, à Abraham et ses camarades détenus sous un soleil de plomb :

O Rosie,
O lawd Gal.
Stick to the promise you made me
Wasn gonna marry till I go free.

Julien Delmaire, qui a traduit en français toutes les paroles de chansons qu’il mobilise dans son livre, donne la traduction suivante de celle-ci : « Ô Rosie ! / Tiens-toi à ce que tu m’as promis / Te marie pas avant que je sorte d’ici ».
Je redonne ici une des versions originales, collectée par Alan Lomax au pénitencier de Parchman et de laquelle l’auteur a pu s’inspirer : Alan Lomax, Le pays où naquit le blues, Saint-Sulpice-La-Pointe, Les Fondeurs de Briques, 2012, p. 342 [publication originale, 1993].

Dans Delta Blues, ce pénitencier apparaît ainsi comme un des lieux emblématiques de la culture musicale du Delta du Mississippi, espace fantasmé de la naissance du blues et de la convergence de la musique africaine et américaine, comme aimaient à le décrire longuement les commentateurs contemporains comme Alan Lomax. L’amour de Betty et de Steve se déploie en parallèle de l’histoire mythique des origines du blues et de son panthéon de musiciens, bien réels. Les guitaristes Son House et Willie Brown, après leurs journées à la ferme, tentent de gagner quelques dollars supplémentaires en jouant toute la nuit dans des juke joints, ces « tripots » vétustes où se rejoignent pour danser les « corniauds de la pire espèce : gamblers endettés jusqu’à la moelle, bookmakers vérolés, pimps brutaux et sournois » (p. 79). Mais c’est bien le fameux Robert ‘Bobby’ Johnson que Julien Delmaire met au centre du récit en le nommant, comme Son House et Willie Brown, par son vrai nom. Érigé en génie du blues par les spécialistes, Robert Johnson a fait l’objet de dizaines d’ouvrages se contredisant pour élucider les moindres mystères de sa courte vie et pour comprendre sa musique. L’auteur, qui connaît ces ouvrages, dépeint ainsi le jeune Bobbie, courant après les femmes, dont Betty, et jouant dans les juke joints. Il se fait mettre dehors par Son House et Willie Brown qui trouvent qu’il ne joue pas suffisamment bien et fait fuir les clients. Comme le veut la légende maintes fois historicisée, c’est après cette mésaventure que Robert Johnson passe un pacte avec le diable en échange d’un maniement inégalable de la guitare.

De Samuel Charters, The Country Blues, New York, Reinehart and Company, 1959 à Bruce Conforth et Gayle Dean Wardlow, Up Jumped the Devil: The Real Life of Robert Johnson, Chicago, Chicago Review Press, 2019.

La filiation musicale du « father of the blues » Charley Patton à Robert Johnson par l’intermédiaire de Son House dans le Delta du Mississippi, romancée par Julien Delmaire, reprend les éléments historiques qui sont au fondement de la construction de la région comme berceau de la tradition du blues. Cette vaste littérature, œuvre d’historiens, de musiciens et d’érudits, fait des bluesmen solitaires les représentants authentiques de la culture africaine-américaine du Sud des États-Unis. Le blues du Delta est ainsi appréhendé, par de nombreux historiens et le grand public, comme la matrice à travers laquelle se sont épanouies les musiques associées à la population africaine-américaine, comme le rhythm’n’blues ou la soul. Le Mississippi, ainsi que le reste des États-Unis, fourmillaient pourtant de musiciens jouant du blues les années 1920 et 1930. Comme l’auteur s’en fait remarquablement l’écho, ils jouaient aussi du jazz, des chansons populaires de Broadway, des chants religieux et ce qui allait bientôt être appelé de la country music : « Son House et Willie Brown enchaînèrent blues, ragtime, hillbilly et même une sorte de valse » (p. 271). La mythologie du Delta a cependant masqué aux historiens les interactions sociales, régionales et raciales qui présidaient à la pratique de la musique, et notamment du blues, dans les États-Unis de l’entre-deux guerres.

Karl Hagstrom Miller, Segregating Sounds : Inventing Folk and Pop Music in the Age of Jim Crow, Durham, Duke University Press, 2010.

Les transformations culturelles et politiques du Mississippi

S’il met en scène cette mythologie raciale et régionale du Delta musical, Julien Delmaire narre aussi l’histoire des évolutions sociales et politiques qui travaillent le Mississippi et le Sud des États-Unis après la Première Guerre mondiale. Les folkloristes comme Alan Lomax cherchaient dans le Mississippi la musique folklorique des Africains-Américains, vierge d’influences extérieures, le pénitencier de Parchman étant vu comme un lieu fermé aux transformations musicales où il pourrait approcher une version ancienne de la musique noire. Lomax voyait plus largement le Delta comme un espace isolé du reste des États-Unis et Julien Delmaire se fait bien l’écho de cette démarche de sauvetage d’une musique considérée en voie de disparition en faisant du folkloriste un des personnages de son intrigue :

Ces nouvelles approches de la musique jouée par la population africaine-américaine et du rôle du mythe du blues du Delta du Mississippi dans l’écriture de l’histoire sont notamment développées par Elijah Wald, Escaping the Delta : Robert Johnson and the Invention of the Blues, New York, Amistad, 2004. Elle sont résumées par Christian O’Connell, « The Color of the Blues: Considering Revisionist Blues Scholarship », Southern Cultures, 2013, vol. 19, no 1, p. 61-81.

 Erich Nunn, Sounding the Color Line: Music and Race in the Southern Imagination, Athens, The University of Georgia Press, 2015.

Lynn Abbott et Doug Seroff, The Original Blues: The Emergence of the Blues in the African American Vaudeville, Jackson, University Press of Mississippi, 2017.

Je m’appelle Alan Lomax, dit le plus jeune. Lui, c’est mon père, John. On se balade dans le coin et on enregistre des chansons et des gens qui parlent. Et toi, c’est quoi ton nom ?

– J’mappelle Virginia, mentit la fillette, apeurée. Mais pourquoi qu’vous faisez çà, « registrer » les gens ?

– C’est pour garder une trace, pour que les gens, dans cent ans, puissent encore entendre les musiciens d’aujourd’hui… »

p. 356

Delta Blues s’aventure pourtant aussi dans les changements profonds qui marquent la vie des populations du Mississippi, noire comme blanche. Les airs des chanteuses de blues produites dans le Nord, comme Ma Rainey, Ida Cox et Bessie Smith rythment la vie des personnages qui les entonnent et les écoutent à la radio. La popularité de ces chanteuses, décriée par les folkloristes qui y voyaient une pollution urbaine et moderne, témoignait alors de la circulation et du commerce des disques dans les années 1920. Plus encore, cela attestait la connexion des espaces ruraux du Sud profond aux réseaux de tournées musicales qui, dès le début du XXe siècle, font la renommée de ces bluesqueen immortalisées sur vinyle pendant l’entre-deux-guerres. Le poste de radio, un « Crosley dernier cri » (p. 73), que Steve a offert à Betty, comme les jukeboxes qui concurrencent le jeu de Son House dans les bars, montrent également les nouvelles pratiques de consommation culturelle qui se développent au sein des populations pauvres du Mississippi rural, ainsi que dans l’ensemble des États-Unis. Les musiciens de blues et les membres de leurs communautés sont généralement dépeints comme l’antithèse du marché de masse, parfois comme des résistants poétiques à la modernité urbaine envahissante, alors que cette pratique musicale est justement le produit d’une nouvelle culture de la consommation dont rend bien compte Julien Delmaire.

Ted Ownby, American Dreams in Mississippi: Consumers, Poverty, & Culture, 1830-1998, Chapel Hill, University of North Carolina Press, 1999.

Kevin K. Gaines, Uplifting the Race: Black Leadership, Politics, and Culture in the Twentieth Century, Chapel Hill, University of North Carolina Press, 1996 ; Caroline Rolland-Diamond, Black America. Une histoire des luttes pour l’égalité et la justice (XIXe-XXIe siècl), Paris, La Découverte, 2016.

Ces transformations marquent particulièrement l’essor des luttes africaine-américaines pour l’égalité dont les personnages de Delta Blues sont des acteurs directs. Howard, un « combattant de la liberté » (p. 179), distribue clandestinement des exemplaires du Chicago Defender qu’il ramène des villes où passent les luxueux wagons-lits dans lesquels il travaille. Ce quotidien du Nord se fait le représentant de la communauté africaine-américaine et dénonce les violences raciales, particulièrement les lynchages, qui ont lieu dans le Sud. Howard encourage également son épouse à lire Les âmes du peuple noir de W. E. B. Dubois, sociologue et militant majeur de la lutte des Africains-Américains. Les combats sociaux et raciaux des années 1930 sont également au centre du récit de Julien Delmaire qui met en scène la grève des lavandières noires contre leurs dangereuses conditions de travail. Ces grèves, auparavant caractéristiques des centres ouvriers du Nord, se font de plus en plus nombreuses à mesure que la Dépression consume le pays et que les politiques de relance du New Deal laissent les Africains-Américains du Sud sur le bas-côté. La réaction sanglante des autorités blanches menées par le Ku Klux Klan ne se fait pas attendre et vient, à l’appel du maire, annihiler par la terreur les demandes des lavandières qui commençaient à revendiquer l’égalité de leurs droits civiques.

 Voir Harvard Sitkoff, A New Deal for Blacks: The Emergence of Civil Rights as a National Issue, New York, Oxford University Press, 1978.

Delta Blues alimente une riche production académique et littéraire centrée sur la musique du Delta du Mississippi et l’aura qui lui a été associée. En donnant corps par ses personnages à des acteurs historiques connus, et jusqu’à la mystérieuse vie de Robert Johnson, Julien Delmaire s’inscrit dans cette célébration du blues du Delta, qui connaît par ailleurs en France un engouement éditorial certain. Cette construction régionale et raciale, communément admise et reconnue, identifie racialement la population noire à une musique régionale spécifique et essentialise ainsi la pratique du blues, qui n’était pas joué exclusivement dans le Mississippi, ni uniquement par musiciens noirs, qui jouaient par ailleurs ce que voulaient entendre leurs audiences et pas seulement du blues. L’auteur entraîne cependant le lecteur dans la complexité, bien documentée par l’ouvrage, de l’existence des Africains-Américains et de la population blanche dans le Sud profond. Son usage des manières de parler différenciées entre les classes populaires et la bourgeoisie et l’aristocratie blanches, entre les populations blanches et les populations noires, visible dans les dialogues, traduit fidèlement les lignes de fractures sociales et raciales qui conditionnent la vie dans le Mississippi. Les agitations politiques transformatrices étant également au cœur du quotidien des personnages, Delta Blues se lit moins comme un récit musical qu’une fresque sociale.

Parmi d’autres, voir les traductions récentes : Gayle Dean Wardlow et Bruce Conforth, Et le diable a surgi. La vraie vie de Robert Johnson, Bordeaux, Le Castor Astral, 2020 ; Robert Palmer, Deep Blues. Du Delta du Mississippi à Chicago, des États-Unis au reste du monde : une histoire culturelle et musicale du blues, Paris, Allia, 2020.

Pour citer cet article

Manuel Bocquier, « Delta Blues, un roman de Julien Delmaire », RevueAlarmer, mis en ligne le 5 octobre 2021. https://revue.alarmer.org/delta-blues-un-roman-de-julien-delmaire/

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