21.12.22 La dénazification des fonctionnaires en Allemagne de l’Ouest, un livre de Marie-Bénédicte Vincent

Dans son ouvrage paru chez CNRS Éditions, Marie-Bénédicte Vincent, professeure à l’université de Franche-Comté, retrace l’histoire complexe de la dénazification en République fédérale d’Allemagne. Elle y nuance plusieurs idées communément admises par la recherche historique sur la dénazification : la continuité sans accroc du personnel administratif allemand avant et après 1945 ; le rejet unanime de la dénazification par l’opinion allemande ; une dénazification réalisée par les seuls Alliés ou encore l’échec de la politique épuratoire menée entre 1945 et 1948.  

Marie-Bénédicte Vincent, La dénazification des fonctionnaires en Allemagne de l’Ouest, CNRS Editions, Paris, 2022.

Tout d’abord, qu’est-ce que la dénazification sous la plume de cette chercheuse dont les travaux portent sur l’État et les élites administratives allemandes depuis 1871, l’histoire et la mémoire du nazisme, ainsi que sur l’après-Seconde Guerre mondiale ?

Le terme de dénazification apparaît en anglais dans l’immédiat après-guerre dans les écrits d’un collaborateur du général Eisenhower (denazification), avant d’être traduit en allemand (Entnazifizierung). La dénazification telle qu’elle est conçue par les Alliés recouvre alors plusieurs types d’action : l’interdiction des organisations nationales-socialistes, l’arrestation et la condamnation des criminels de guerre, le renouvellement démocratique du système éducatif et judiciaire, l’éviction des principaux responsables nazis de l’administration publique. C’est sur ce dernier aspect que se concentre Marie-Bénédicte Vincent. 

Renouveler l’historiographie de la gestion du passé nazi

Le premier intérêt de cette étude est de proposer une synthèse en français d’une historiographie, vaste et principalement allemande, de la gestion du passé nazi en Allemagne de l’Ouest. La littérature existante s’inscrit dans le sillage des travaux de Norbert Frei, qui a forgé le concept de « politique du passé » (Vergangenheitspolitik). D’après Frei, la RFA qui, à partir de sa fondation en 1949, assume l’héritage de l’État allemand, fait preuve d’ambivalence quant au passé nazi. Si ses représentants politiques condamnent publiquement le nazisme, gouvernement et parlement élaborent dans le même temps une législation favorable à l’amnistie des crimes nazis et à l’intégration des partisans du nazisme. Jusqu’alors, les études consacrées à la dénazification décrivaient sa mise en œuvre au sein d’une institution, notamment les ministères de l’État fédéral, d’un Land ou d’une zone d’occupation. L’analyse de Marie-Bénédicte Vincent se distingue par son ampleur en considérant les fonctionnaires de tous grades – des simples employés aux dirigeants – sur l’ensemble du territoire ouest-allemand. L’autrice reconstitue les trajectoires des « 131er », ces fonctionnaires renvoyés lors de la première épuration entre 1945 et 1948, puis réintégrés conformément à l’article 131 de la Loi fondamentale, c’est-à-dire la constitution ouest-allemande. D’après Marie-Bénédicte Vincent, peu d’informations subsistent sur ce groupe, qui, selon le ministère fédéral de l’Intérieur, rassemblait 430 000 personnes en 1950. 

Norbert Frei, Vergangenheitspolitik. Die Anfänge der Bundesrepublik und die NS-Vergangenheit (La politique du passé, Les débuts de la République fédérale et du passé national-socialiste), Munich, Beck, 1996.

Cette étude élargit la chronologie traditionnelle de la dénazification qui se limitait aux années 1945-1948, avant la création de la RFA. D’après l’historienne, le phénomène a constitué un processus long de trois décennies, allant de la défaite allemande à la démission du chancelier Willy Brandt en 1974. Cette année-là, paraît un rapport gouvernemental recommandant de mettre un terme à la législation offrant réparation aux fonctionnaires dénazifiés. Cette décision s’explique par la prise de conscience à partir des années 1960 que les crimes nazis sont restés impunis, mais aussi par une restriction de la politique sociale après la crise économique de 1973. 

Bericht über den Abschluss der Wiedergutmachungs- und Kriegsfolgengesetzgebung (Rapport gouvernemental sur la fin de la législation concernant l’indemnisation et les conséquences de la guerre), 12 mars 1974.

L’ouvrage enrichit la littérature existante de deux études de cas, qui s’intéressent à l’épuration dans l’administration du transport maritime à Hambourg, en zone d’occupation britannique, et dans trois succursales de l’ancienne Reichsbank, dans les zones française et américaine. Le recours à la micro-histoire apporte ainsi une dimension qualitative à une approche synthétique, donnant accès à la subjectivité individuelle. 

Retracer la chronologie complexe de la dénazification

Marie-Bénédicte Vincent définit la dénazification comme un processus complexe résultant de dynamiques d’épuration et de désépuration. L’épuration consiste à écarter les fonctionnaires compromis avec le nazisme ; la désépuration à les réintégrer. L’autrice aborde la dénazification de façon globale, en examinant les débats et décisions politiques qui la régissent, son application par les tribunaux et l’administration, mais aussi ses répercussions économiques et sociales. Ces mouvements d’épuration et de désépuration se révèlent moins contradictoires qu’il n’y paraît, dans la mesure où les procédures épuratoires n’étaient pas conçues comme définitives et prévoyaient le retour des agents concernés. 

Épuration et désépuration coïncident et se succèdent dans le temps. La première phase de la dénazification, qui est aussi la plus connue, entre 1945 et 1948, est un moment de vérification du parcours des fonctionnaires où ces derniers doivent rendre compte de leurs actes pendant le nazisme dans des questionnaires. Le critère principal de compromission avec le nazisme retenu par les Alliés est l’appartenance aux organisations nazies. Or, la majorité des fonctionnaires avait rallié la Fédération des fonctionnaires allemands du Reich (Reichsbund der deutschen Beamten), organisation d’embrigadement nazi. Dans les zones occidentales, 53 000 fonctionnaires sont alors renvoyés sur la base de ces questionnaires, ce qui paralyse la fonction publique. Dès 1947 en zone américaine, et 1948 dans les zones française et britannique, la dénazification n’apparaît plus comme une priorité, en regard de la nécessité de reconstruire l’Allemagne de l’Ouest et de la lutte contre le communisme dans un contexte de début de guerre froide. 

Entre 1945 et 1948, en parallèle de cette politique épuratoire, s’observe un mouvement contraire de défense des agents dénazifiés. L’épuration, qui vise à évincer les anciens membres du NSDAP, fournit en effet l’occasion de disculper la majorité des personnes incriminées. Marie-Bénédicte Vincent rejoint ici l’interprétation de Hans Hesse, pour qui la dénazification se résume à une entreprise de « construction de l’innocence ». À partir de 1946, la prise en charge des procédures par des chambres de dénazification allemandes (Spruchkammern) et les possibilités de recours accentuent cette tendance à l’exonération et permettent de nombreuses réembauches. En 1947, seuls 1 071 des 53 000 fonctionnaires originellement renvoyés sont condamnés à une interdiction d’exercer un emploi public. Ces procédures ont donc, dans un premier temps, pour effet de blanchir les Allemands, qui ressortent persuadés de leur innocence vis-à-vis du nazisme. Les complices et acteurs du régime criminel nazi apparaissent désormais d’abord comme des victimes de l’occupant. 

Hans Hesse, Konstruktionen der Unschuld. Die Entnazifizierung am Beispiel von Bremen und Bremerhaven 1945-1953, (La construction de l’innocence. La dénazification à partir de l’exemple de Brême et Bremerhaven), Selbstverlag des Staatsarchivs Bremen (Autoédition des archives de Brême), 2005

L’autrice scrute les arguments déployés pour justifier la réintégration des anciens nazis. Les épurateurs de l’administration du transport maritime à Hambourg mettent d’abord en avant une compétence technique indispensable. Dans les succursales de la Reichsbank, les besoins urgents engendrés par la reconstruction dans un contexte de pénurie de fonctionnaires servent aussi à légitimer le retour des agents compromis. Une autre stratégie consiste à dépolitiser les fonctionnaires inculpés. Leur adhésion au NSDAP est présentée, non pas comme un acte dicté par des convictions, mais comme une démarche alors obligatoire pour conserver son poste. Les fonctionnaires sont en outre dépeints comme des serviteurs de l’État, dont la loyauté exclut toute prise de position. Par conséquent, les hauts-fonctionnaires en poste entre 1933 et 1945 ne sont rétrospectivement pas considérés comme responsables des crimes nazis par l’administration fédérale. Les détracteurs de l’épuration poussent plus loin ce raisonnement : à les en croire, l’éviction des anciens membres du NSDAP de la fonction publique, loin de favoriser la démocratisation de l’État ouest-allemand, risquait au contraire de grossir les rangs d’une force antidémocratique, qui mettrait en péril la jeune République fédérale. 

 Les limites apportées au retour des fonctionnaires nazis

Après la création de la RFA, en 1949, plusieurs autres mesures contribuent à réhabiliter les anciens fonctionnaires nazis. Une des premières lois votées par le Bundestag proclame, en décembre 1949, l’amnistie pour les personnes condamnées à des peines allant jusqu’à un an de prison et 10 000 marks d’amende. 800 000 personnes en bénéficient. À partir de mai 1951, la loi relative à l’article 131 de la Loi fondamentale accorde en outre des droits et pensions aux fonctionnaires et soldats de métiers ayant servi l’État jusqu’au 8 mai 1945. Plus largement, des dispositifs de clémence sont mis en place pour favoriser la réintégration des fonctionnaires. 

Pour autant, la dénazification des fonctionnaires ne prend pas fin lors de la fondation de la RFA, étant données les mesures qui prolongent l’épuration des fonctionnaires. Une modification du droit de la fonction publique exclut, à partir de 1953, les agents condamnés pour crimes contre l’humanité, avant même la reprise par le droit pénal ouest-allemand de cette notion forgée lors du procès de Nuremberg (novembre 1945 – octobre1946). Des procédures internes à la fonction publique qui font suite à la première épuration visent en outre à écarter les agents au passé trop compromettant tels que les criminels de guerre ou anciens membres d’organisations reconnues comme criminelles lors du procès de Nuremberg (Waffen-SS et Gestapo). S’y ajoute la condamnation des falsificateurs, ayant menti dans les questionnaires ou changé d’identité après 1945. 

Les procès des années 1950-1960 apportent aussi un correctif judiciaire à l’épuration défaillante des années 1945-1948. La plupart d’entre eux se tiennent à partir des années 1960, après la création du Service central d’enquête sur les crimes nationaux-socialistes en 1958 à Ludwigsburg. Les années 1960 marquent un moment de bascule pour l’opinion ouest-allemande. Le procès Eichmann en Israël en 1961 qui a un grand retentissement en Allemagne, voit émerger la figure du criminel bureaucrate sous l’influence d’Hannah Arendt. L’opinion, comme les médias, se montrent alors plus critiques face à la réhabilitation d’anciens fonctionnaires nazis. En 1965, le Bundestag confirme l’exclusion des anciens SS de la liste des ayants-droit de l’article 131 de la Loi fondamentale, susceptibles de retrouver leur poste dans la fonction publique ou de bénéficier d’une retraite. En 1965, puis 1969, deux lois allongent le délai de prescription pour les crimes nazis. En 1979, une loi proclame leur imprescriptibilité.

 Les acteurs de la dénazification

Cette étude restitue les interactions entre les différents acteurs de la dénazification, qui ne se cantonnent pas à une confrontation entre occupants occidentaux et institutions ouest-allemandes. Les instigateurs de l’éviction des fonctionnaires compromis étaient le gouvernement militaire allié, mais aussi une minorité de juristes, d’hommes politiques et de syndicalistes ouest-allemands. Les syndicats remplissent alors le vide laissé par les partis politiques qui refusent d’être associés à la dénazification. Pourtant, la minorité d’Allemands favorables à la dénazification est de plus en plus isolée entre 1945 et le milieu des années 1950. Le gouvernement et les médias est-allemands jouent aussi un rôle décisif dans les poursuites judiciaires menées en Allemagne de l’Ouest. La RDA qui se définissait comme antifasciste et ne se reconnaissait pas, par conséquent, comme « héritière » du régime nazi, bâtit une partie de sa propagande contre la RFA sur la dénonciation du maintien de hauts-fonctionnaires nazis dans les institutions ouest-allemandes. Ainsi, le procès in abstentia d’Hans Globke, secrétaire d’État à la chancellerie d’Adenauer entre 1953 et 1963, après avoir été juriste du ministère nazi de l’Intérieur et l’auteur du décret d’application des lois raciales de Nuremberg en 1935, se tient à Berlin-Est en 1963. Les attaques répétées de la RDA ont contraint l’État et les juges ouest-allemands à rouvrir certains dossiers de dénazification. 

Les avocats de la réintégration des dénazifiés

La réintégration des fonctionnaires dénazifiés mobilise, elle aussi, différents acteurs, aux positions distinctes : l’opinion ouest-allemande, les personnes dénazifiées, l’organisation professionnelle des fonctionnaires ainsi que le gouvernement fédéral. La prise en compte de l’opinion et du climat moral dans une « société de l’effondrement » est essentielle ici. L’opinion ouest-allemande plébiscite une amnistie générale et rejette massivement la dénazification, dont l’impopularité s’explique en partie par ses conséquences sociales : en cas de suspension ou de renvoi, une famille entière se retrouvait sans ressource. 

Christoph Kleßmann, Die doppelte Staatsgründung. Deutsche Geschichte 1945-1955 (La double fondation de l’Etat. Histoire de l’Allemagne), Bonn, Bundeszentrale für politische Bildung, 1991, p. 37-38.

Les personnes condamnées disposent même d’un lobby, la Ligue fédérale des victimes de la dénazification (Bundesverband der Entnazifizierungsgeschädigten). Fondée en 1953, cette organisation promeut la réhabilitation et l’indemnisation sur fonds publics des personnes dénazifiées, notamment celles qui dans l’immédiat après-guerre ont été internées dans les camps alliés. Le nombre de ces internés est estimé à 182 000 dans les zones occidentales en janvier 1947 et à 100 000 dans la seule zone américaine fin 1945. La Ligue fédérale des victimes de la dénazification compte entre 20 000 et 50 000 membres en 1953. Le gouvernement fédéral ouest-allemand, qui la perçoit comme un vivier de l’extrême-droite et comme une menace pour l’ordre démocratique, la place sous la surveillance des Renseignements généraux (Bundesamt für Verfassungsschutz). Les campagnes que mène cette association pour améliorer l’image des dénazifiés ne sont pas sans effet sur l’opinion. Le terme de « condamné de guerre », euphémisme désignant les criminels de guerre, se diffuse au début des années 1950. Les demandes de cette organisation sont aussi relayées par les associations d’anciens prisonniers de guerre comme la Ligue des rapatriés (Verband der Heimkehrer). Signe de la popularité de ces thèses, une pétition exigeant la libération des « prisonniers de l’après-guerre » reçoit 7 millions de signatures en 1952. 

Dans la discussion sur le sort à réserver aux anciens nazis, la Fédération allemande des fonctionnaires, puissante organisation professionnelle qui œuvre à réintégrer la majorité des fonctionnaires dénazifiés, défend une position plus nuancée en s’opposant à une amnistie générale. Dans ce but, sa stratégie consiste à muer les cinq catégories de compromission avec le nazisme, établies par les occupants américains, (I/ principaux coupables ; II/ charges importantes ; III/ charges mineures ; IV/ suivistes ; V/ exonérés) en une simple bipartition opposant les coupables aux « suivistes » (Mitläufer), qui s’étaient accommodés du régime. Cette bipartition stricte fusionne les catégories IV et V, gommant ainsi la résistance au nazisme, certes très minoritaire en Allemagne, mais qui a bel et bien existé. Cette répartition de la population en un nombre infime de coupables et une grande majorité de « suivistes » fait consensus dans l’opinion ouest-allemande des années 1950. Il faut attendre les années 1960 pour que le terme de « suiviste » devienne péjoratif. 

D’après une estimation de Lutz Niethammer, 98 % des Allemands de l’Ouest auraient été considérés comme des « suivistes ». Lutz Niethammer, Die Mitläuferfabrik. Die Entnazifizierung am Beispiel Bayerns (La fabrique des suivistes. La dénazification à partir de l’exemple de la Bavière), Bonn, Dietz, 1982.

La mémoire des victimes du nazisme, pilier de la démocratie allemande

Pris entre deux feux et tenus de répondre à la fois aux exigences des Alliés occidentaux et de l’opinion ouest-allemande, le chancelier Konrad Adenauer et son gouvernement tout comme le président fédéral Theodor Heuss jouent un rôle ambigu. Tandis qu’ils dénoncent les crimes nazis dans leurs discours, ils s’efforcent en coulisse de faire libérer les criminels de guerre détenus dans les prisons du gouvernement militaire et à l’étranger. En 1957, il ne reste plus que 39 prisonniers sur 295 dans les trois prisons alliées des zones occidentales. Plus largement, Adenauer, quoique fondateur de la démocratie ouest-allemande, a soutenu la réintégration des anciens nazis. 

À la faveur de la démocratisation de la culture politique ouest-allemande, après le mouvement contestataire des années 1967-1968, l’opinion ménage, à partir des années 1970, une place croissante pour la mémoire des victimes du nazisme. L’agenouillement du chancelier et ancien résistant Willy Brandt devant le mémorial des victimes du ghetto à Varsovie en décembre 1970 en est le symbole. Au terme d’un long travail judiciaire, politique et culturel, la mémoire des victimes du nazisme est depuis devenue l’un des fondements de la démocratie allemande. 

Cette étude polyphonique entremêle les voix de plusieurs acteurs de la dénazification en Allemagne de l’Ouest. Les faits et évolutions examinés sont éclairés par des extraits littéraires, qui ouvrent et closent chaque chapitre. Ces textes fictifs et poétiques tissent l’analyse historique des regards et parcours singuliers d’écrivains contemporains de l’effondrement de l’État nazi et de la reconstruction. Marie-Bénédicte Vincent fait preuve d’une grande clarté dans sa démonstration et d’une précision aiguë dans la contextualisation des expériences individuelles qu’elle évoque. Son livre, qui restitue un chapitre fondateur de l’Allemagne contemporaine, intéressera les universitaires comme les lecteurs non-spécialistes.

Pour citer cet article

Agathe Bernier-Monod, « La dénazification des fonctionnaires en Allemagne de l’Ouest, un livre de Marie-Bénédicte Vincent », RevueAlarmer, mis en ligne le 21 décembre 2022, https://revue.alarmer.org/la-denazification-des-fonctionnaires-en-allemagne-de-louest-un-livre-de-marie-benedicte-vincent/

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